Retour sur ma première (mauvaise) expérience en C5

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On lit souvent, notamment sur les réseaux sociaux, que le 3.0 V6 HDi 240 est bien plus fiable que son prédécesseur, le 2.7 V6 HDi 204. Cette bonne réputation m’avait confortée dans mon choix, d’autant plus que ce véhicule était destiné à remplacer mon véhicule principal et donc à parcourir environ 30.000km par an. Il est donc préférable pour cela, de ne pas avoir à intervenir dessus régulièrement ou à devoir l’immobiliser longtemps pour des pannes conséquentes.

Lors de l’achat le 25 juin 2020, tout s’était très bien passé. Rien à signaler lors de l’essai routier, pas plus lors du trajet retour sur plus de 600km, avalés sans difficultés. C’est dans les jours qui viennent que différents défauts liés à des bruits suspects ont fait surface. Retour sur ma première (mauvaise) expérience en Citroën C5 (X7) avec une aventure qui aura duré près de 6 mois.

Bruit métallique de la commande de clignotants

Pas plus tard que le lendemain, je constate que lorsque le commodo de clignotant revient en place tout seul après avoir été actionné, on entend par moment comme un bruit similaire à une « lamelle métallique » qui se baladerait quelque part au niveau du volant. Même si ce bruit peut être agaçant, il est possible de réduire sa fréquence d’apparition en « accompagnant » le commodo dans sa position neutre. Contact pris avec le vendeur, ce défaut existait semble-t-il depuis l’achat par le précédent propriétaire.

Première crainte, un soucis sur le COM2000 qui pourrait faire une grosse dépense imprévue. Puis soulagement d’après plusieurs retours indiquant qu’il s’agirait d’une pièce se trouvant à l’arrière du volant, non détaillée, on s’en accommodera donc tant que cela n’évolue pas, le volant étant vendu à plus de 500€.

Bruit suspect : claquement moteur léger au ralenti à chaud

Il n’aura fallu que 4 jours pour que je commence à comprendre, à mes dépends, que la bonne réputation du 3.0 V6 HDi 240 était infondée. Le 29 juin 2020, je suis allé avec la C5 voir une connaissance, qui m’a offert gracieusement un lot de pièces de Xantia Activa. En repartant de chez lui, je démarre le moteur encore chaud, avec la fenêtre avant passager ouverte pour discuter. Là, durant quelques secondes, un claquement moteur important s’est fait entendre, digne d’un moteur de tracteur. On est bien loin du bruit un peu feutré et « rond » du 6 cylindres. Ce n’est pas normal, il va falloir étudier la question !

Dans les jours qui suivent, je reste donc vigilant et à l’écoute de tout autre bruit suspect. Hormis un claquement moteur plus important lors des démarrages à chaud, je constate régulièrement, mais pas systématiquement, qu’il y a également un claquement moteur léger au ralenti à chaud que l’on entend essentiellement du côté passager (hors du véhicule). Ce bruit commence à m’inquiéter. Étant donné qu’il n’est pas présent à froid et pas systématiquement à chaud, j’en conclus raisonnablement qu’il est anormal.

Ce bruit ne s’était pas fait entendre lors de l’essai à l’achat et du trajet retour, bien que le moteur était bien chaud. Contact pris avec le vendeur (encore), et il me dit que ce bruit à chaud existe depuis longtemps sans jamais ne s’être accru, et qu’il disparait parfois à chaud. Ce qui était le cas lors de l’achat. Pourtant, au moment de l’essai, je lui avais dit être rassuré car le véhicule ne faisait pas de bruit de claquement côté passager, signe annonçant la fin de vie de la pompe à huile. A ce moment-là, il s’est bien gardé de me dire qu’elle le faisait régulièrement. Compte tenu du coût du remplacement de la pompe à huile, j’aurai privilégié un retour en train (la réservation ayant été faite au cas où).

S’il s’agit de la pompe à huile, les devis chez Citroën oscillent entre 2500 et 2700€. Il n’est pas question de supporter un tel coût sans réagir. Le précédent propriétaire ayant reconnu avoir connaissance de l’existence de ce bruit,pouvant entrainer à court terme une avarie moteur, s’agit-il d’un vice caché ? Que faire pour faire valoir mes droits le cas échéant ? Après avoir contacté la protection juridique, la réponse parait simple : faire constater le défaut par un huissier ou un garage et obtenir un devis sans démontage, pour rendre l’expertise indiscutable si elle doit être faite dans le cadre d’une procédure juridique. Cette étape est supposée servir de base pour entamer la procédure en envoyant une lettre recommandée de misr en demeure au vendeur et essayer de trouver un arrangement à l’amiable (annulation de la vente ou remboursement partiel). Si cela n’aboutit pas, il faut alors faire expertiser le véhicule pour entamer la procédure juridique.

Consultation de divers professionnels

Ça à l’air simple, mais ça ne l’est finalement pas tant que ça. On cherche alors les causes probables de ce claquement, on étudie, on observe, on écoute le moteur sous tous les angles (avec ou sans stéthoscope). Toutes les recherches sur des symptômes similaires sur ce moteur orientent systématiquement vers un soucis de lubrification lié à la pompe à huile. J’ai donc consulté plusieurs professionnels pour avoir des avis, et c’est la que ça se complique, car il faut souvent prendre rendez-vous. Sauf que le moment venu, le bruit de claquement n’est pas forcément présent, il faut reprendre rendez-vous ultérieurement. Les réactions sont diverses et variées :

  • Un ami : suspecte un ou plusieurs injecteurs sur la base d’un enregistrement audio, mais exclus un bruit du bas moteur
  • Negoc’4×4 (Seltz, 67470) : confirme qu’il s’agit d’un bruit au niveau du haut moteur, en pointant peut-être les injecteurs. Peu spécialisé sur ce type de motorisation, il recommande de recueillir un avis auprès d’un garage du réseau PSA.
  • Citroën – PSA Retail (Strasbourg, 67100) : refuse de faire un diagnostic préliminaire sans démontage
  • Peugeot – Garage Modéry (Lauterbourg, 67630) : ne fait un diagnostic sur un bruit moteur que si le bruit s’entend en roulant, fenêtre fermée. N’entend rien d’anormal bien qu’il suive des véhicules équipés du même moteur et qu’il ait possédé une Peugeot 407 V6 HDi.
  • Point S – Est Auto Service (Drusenheim, 67410) : confirme qu’il s’agit d’un bruit au niveau du haut moteur, et que cela ressemble à un bruit de chaîne qui claque, similaire aux cas de chaîne de distribution sur les BMW (suspecte donc les chaînes de synchronisation des arbres à cames). Préconise de procéder à une vidange avec l’huile spécifiée par le constructeur avant d’aller plus loin pour partir sur une bonne base car oriente le diagnostic vers un problème de lubrification. Il exclut fermement la piste des injecteurs. Il avait bien vu !

Synthèse sur les différentes pistes

Ces rendez-vous à droite à gauche pour obtenir un avis d’un professionnel prennent des semaines, pendant lesquels l’usage du véhicule est réduit à son strict minimum, il ne sert quasiment qu’à aller de garages en garages. On fait le bilan sur les différentes possibilités, en écartant différentes pistes :

  • Transmission : pas de bruit à l’arrêt, piste écartée
  • Poulie de vilebrequin : un marquage au feutre peinture montre qu’elle ne bouge pas, piste écartée
  • Tendeur de courroie d’accessoires : pas de différences en enclenchant la clim, pas de vibrations visibles, piste écartée
  • Poulie amortisseurs d’harmoniques / vis de fixation : pas de bruit à froid, piste écartée
  • Boite : même bruit quand elle n’est pas en prise (N), piste écartée
  • Injecteurs : peu probable d’après Point S – Est Auto Service, piste secondaire

Les pistes privilégiées sont les suivantes :

  • Pompe à huile
  • Tendeur de chaîne d’arbres à cames (pouvant venir d’un manque de pression d’huile)
  • Poussoirs hydrauliques (pouvant venir d’un manque de pression d’huile)

La diagnostic se confirme

Pour entamer la procédure telle que décrite par la protection juridique, cela est très compliqué. Aucun professionnel n’accepte de produire le document demandé sans avoir pu pousser les investigations avec démontage. Dans ces conditions, le vendeur refuse catégoriquement de reprendre le véhicule dans le cadre d’une annulation de la vente. Il consent à participer aux frais dans une certaine mesure si le diagnostic est confirmé. Pour aller plus loin, les démarches et procédures pour vice cachées avec recours juridique sont à éviter pour diverses raisons : durée de la procédure avec immobilisation du véhicule (dégradation lié à l’immobilisation sur parking en extérieur pendant plusieurs mois ou années), coûts « résiduels » restant dans tous les cas à la charge de l’acheteur, contraintes personnelles et frais annexes liées à l’immobilisation du véhicule,… La décision est prise, autant faire faire un diagnostic plus approfondi quitte à perdre toute possibilité de recours juridique, car si le coût est finalement moindre, autant le prendre à la charge et régler éviter ces délais de procédures.

Je procède donc à une nouvelle vidange avec de l’huile Total Quartz Ineo ECS (5W30-C2). Premier bon point, pas de limaille présente dans l’huile ou le filtre. Cependant, le constat est sans appel : un claquement moteur moins prononcé et une apparition nettement moins fréquente. La piste d’un défaut de lubrification est donc confirmée. Prise de rendez-vous le 12/09/2020 chez Citroën pour un diagnostic en acceptant la possibilité de procéder au démontage. Après 2 mois et demi d’interrogations et après m’avoir délesté de 191.26€, le verdict tombe : manque de pression d’huile. Le chef d’atelier préconise le remplacement de la pompe à huile avec le remplacement des coussinets de bielles auquel cas ils ne garantissent pas la réparation. Le hic ? Les pièces du bas moteur ne sont pas détaillées par le constructeur. On me produit donc un devis pour le remplacement du bloc moteur complet : 16.464.28€.

Réparation

Cette opération est lourde et complexe et compte tenu de la facture à venir, il est préférable de ne pas confier le véhicule à n’importe qui. Reste donc à trouver un garage ayant les connaissances et compétences requises pour procéder à ce type d’intervention, et si possible, sur ce type de véhicule. Après quelques recherches et quelques échanges téléphoniques, le véhicule a été envoyé en réparation chez BSA Garage (77130) mi-octobre Véhicule récupéré mi-décembre avec 86.279km au compteur.

Pour la liste des travaux réalisés et le retour d’expérience sur le garage, voir ICI.

Bilan

Quelques bonnes nouvelles suite au passage chez BSA Garage :

  • Le moteur ainsi que le véhicule font bien leurs kilomètres, bien que certains en doutaient à cause du problème de lubrification précoce :
    • Très propre, pas de traces de fuites ou de suintements sur le moteur
    • Pas de difficultés au démontage/remontage à cause de visserie grippée / rouillée
    • Les bougies sont venues facilement et pas collées par la calamine (au moins, ça n’aura pas cassé dans la culasse).
    • La cohérence du kilométrage se confirme avec les traces enregistrées dans le BSM ainsi qu’avec la petite nouveauté HistoVec
Rapport kilométrique (HistoVec)
Rapport kilométrique (HistoVec)
  • La pompe à huile était bien de 2e génération, ce qui ne semble pas toujours être le cas sur les 3.0 HDi, dont certains sont encore équipées de la pompe à huile première génération. Cela n’aura malheureusement pas été suffisant. Elle a désormais la nouvelle évolution de 2014, fournie par FoMoCo dont n’ont pas bénéficié les V6 HDi chez PSA en sortie d’usine puisque la production V6 s’est arrêtée en 2013.
  • Une légère trace d’échauffement sur l’un des coussinets de bielle mais rien d’alarmant à ce stade. Il y a des retours bien pires sur des véhicules ayant parfois un kilométrage assez faible. En revanche, l’un des coussinets avait des rayures assez marquées et assez profonde pour que l’ongle accroche, ce qui est plutôt le signe d’impuretés dans l’huile. D’autres coussinets étaient rayés mais avec des rayures moins profondes. Quitte à les déposer pour les contrôler, il valait mieux de toute façon les remplacer.
Coussinets de bielles
Coussinets de bielles (ordre non respecté sur la photo)
  • Le remplacement du bloc hydraulique de la boite semble être confirmé (annoncé fait et pris sous garantie par le précédent propriétaire). En revanche, le niveau d’huile lors de la vidange n’avait pas été fait comme il faut : il en manquait. Heureusement que ça a été contrôlé et corrigé avant de faire trop de dégâts.
  • Certains défauts ont pu être corrigés facilement en profitant de l’accessibilité offerte par la dépose du moteur comme la canalisation hydraulique qui suintait
Bougies de préchauffage
Bougies de préchauffage

Voir le récapitulatif dans le temps de la mésaventure :

  • 25/06/2020 – 84.326km – Achat du véhicule
  • 25/06/2020 – 84.916km – Arrivée à domicile
  • 29/06/2020 – 85.000km environ – Constatation du claquement
  • Consultations de divers professionnels
  • 18/08/2020 – 86.097km – Vidange moteur
  • 12/09/2020 – 86.215km – Diagnostic par Citroën
  • 21/09/2020 – Prise de contact avec BSA Garage
  • 14/10/2020 – 86.276km – Enlèvement du véhicule par transporteur
  • 16/12/2020 – 86.279km – Récupération du véhicule

Et le bilan financier de la « blague » :

  • Diagnostic effectué par Citroën Strasbourg : 191.26€
  • Transport du véhicule par camion vers BSA Garage : 463.20€
  • Réparations effectuées par BSA Garage : 4573.94€
    • Remplacement de la pompe à huile & co. : 2771.42€
    • Opérations diverses prévues : 1232.39€
    • Opérations diverses imprévues : 570.13€
  • Participation aux frais par l’ancien propriétaire : 2000€
  • Transport pour récupération du véhicule (train) : 80.85€
  • Péage pour le retour : 27.40€

Une bien mauvaise surprise, suite à l’achat du véhicule, qui aura permis d’apprendre beaucoup de choses sur ce moteur. Mais cela à un prix qui laisse toutefois un goût amer malgré la participation du vendeur : 3336.65€ restant à ma charge. Cela aura néanmoins permis de prendre de l’avance sur le remplacement de la distribution et de repartir sur une base saine. Un mal pour un bien,…

La douloureuse étant passée, il est donc enfin temps d’en profiter un peu !

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